Les prix continuent de baisser dans l’immobilier ancien. Et la crise qui touche le secteur ne semble pas s’estomper.
La crise de l’immobilier est bien ancrée dans l’Hexagone et les prix de l’immobilier ancien continuent de baisser après trois années de flambée consécutives à la crise du Covid-19, sans embellie durable à l’horizon.
Au premier trimestre 2024, les prix de l’immobilier ancien ont poursuivi leur érosion par rapport au précédent trimestre, reculant de 1,6%, contre -1,8% au quatrième trimestre 2023, selon l’indice Notaires-Insee de référence publié mardi.
La tendance est encore plus flagrante sur un an (-5,2%), avec une baisse de 5,5% pour les appartements et de 4,9% pour les maisons, selon les données provisoires corrigées des variations saisonnière.
Les maisons plus touchées
Après une hausse continue depuis fin 2015, les prix dans l’ancien dégringolent depuis la mi-2022.
En Île-de-France, ils diminuent sur un trimestre pour la sixième fois consécutive (-2,6%). La baisse est plus marquée pour les maisons (-3,2%) que pour les appartements (-2,3%), contrairement au trimestre précédent.
« On assiste non pas seulement à une crise de l’immobilier mais à une crise du logement qui est bien ancrée », a commenté lors d’un point presse Elodie Frémont, présidente de la commission « statistiques immobilières » des notaires du Grand Paris.
En cause selon elle, une solvabilité toujours dégradée des acquéreurs avec des taux d’intérêt qui restent très élevés, et un attentisme des vendeurs qui ne consentent pas à baisser leurs prix.
Selon les notaires, les toutes premières détentes sur les taux et l’annonce d’un accès plus facile au crédit ont été « très largement médiatisées », mais les améliorations immédiates ont été « très modestes ».
D’après la Banque de France, 21,7 milliards d’euros ont été prêtés aux ménages au 1er trimestre 2024, contre 38 milliards au 1er trimestre 2023 (-42%).
« Le marché est en train de se corriger de ses excès pour atteindre un pallier à la fin de cet exercice, ce qui permettrait peut-être d’envisager un démarrage en 2025 », a toutefois estimé Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).
Attentisme
« On commence à voir les acheteurs revenir mais il y a toujours une inertie et cela va mettre du temps à se traduire dans les ventes », a déclaré de son côté Corinne Jolly, présidente de Particulier à particulier (PAP), qui s’attend à ce que le volume de ventes et les prix « continuent de baisser jusqu’à fin 2024 ».
Au premier trimestre, les volumes de ventes dans l’ancien ont baissé de 24% en Ile-de-France et de 40% en deux ans, selon les Notaires du Grand Paris.
Ce « plancher historiquement bas », a entraîné un recul de 8,1% des prix franciliens sur un an, soit le niveau de mi-2019.
« Les marchés qui ont connu les plus fortes hausses sont les marchés qui sont les plus corrigés, et Paris en fait partie », a commenté Loïc Cantin.
D’ici à juillet, les notaires franciliens prévoient une stagnation des prix pour les appartements et une progression pour les maisons, un « frémissement » qui n’est pas de nature selon eux à enrayer la crise, d’autant que les Jeux olympiques devraient également susciter une forme d’attentisme.
« Avec l’effondrement de la production dans le neuf et le renforcement des contraintes dans l’ancien », la crise actuelle « ouvre les perspectives d’une dégradation plus générale des conditions de logement des ménages », soulignent-ils.
Moins de 10.000 euros le m2 à Paris
À Paris, le prix au m2 atteint 9.490 euros au premier trimestre (-7,9% sur un an), contre 10.860 euros au plus haut en novembre 2020.
Onze arrondissements de la capitale affichent désormais des prix moyens au m2 inférieurs à la barre symbolique des 10.000 euros et sept arrondissements à moins de 9.000 euros, contre cinq le trimestre précédent.
En petite couronne, Montreuil (Seine-Saint-Denis) décroche le record de baisse des prix des appartements sur un an (-11,7%) et Champigny-sur-Marne pour les maisons (-21,8%).
En province, la baisse s’atténue sur un trimestre (-1,2% après -1,9%) mais s’accentue sur un an (-4,2% après -2,9%).
Conséquence directe, le nombre de transactions réalisées au cours des douze derniers mois continue de chuter à 822.000 fin mars 2024, après 869.000 fin décembre et 931.000 fin septembre.
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