Tendance Élections législatives 2024 : quel impact sur l’immobilier

L’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a bousculé les marchés financiers dès le lendemain. Quinze jours après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, les professionnels de l’immobilier, qu’ils soient agents ou courtiers en prêts, constatent d’ores et déjà, pour certains, un impact sur leur activité.

En effet, acheteurs, vendeurs mais aussi certains banquiers s’interrogent, sont attentistes ou, au contraire, pressés… Le point avec le réseau d’agences immobilières l’Adresse et le courtier en prêts Vousfinancer *.

 Un impact encore limité, mais plus accentué pour les acheteurs

Près de 50 % des agences du réseau l’Adresse constatent un impact de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale sur l’attitude des acheteurs ou des acquéreurs potentiels, perçus comme plus attentistes.

Depuis 15 jours, le nombre d’appels, de demandes de contacts ou de visites liés à des annonces est faible, alors que depuis le début du printemps, l’activité avait montré des signes de reprise.

Certaines agences du réseau ont même eu des annulations d’offres suite à l’annonce de la dissolution, en raison du contexte d’incertitude qui en découle…

« Alors que nous commencions à ressentir une reprise de l’activité avec des acheteurs de retour dans nos agences grâce aux taux de crédit à nouveau attractifs, l’annonce de la dissolution a remis un coup de frein sur les projets », déplore Brice Cardi, président du réseau l’Adresse. « Cela nous ramène quelques mois en arrière avec à nouveau le téléphone qui sonne moins, des acheteurs inquiets… Ce climat d’incertitude ajoute encore de l’attentisme dans un marché qui semblait en sortir ! »

 Des vendeurs un peu perdus et des prix déréglés

Un quart des agences l’Adresse constatent un impact de la dissolution sur les vendeurs. Selon le réseau, cela se traduit notamment par une baisse des demandes d’estimation de biens.

De plus, des vendeurs s’interrogent sur le fait de retirer leur bien de la vente pour le mettre en location, compte tenu des difficultés du marché de la transaction par rapport à celui de la location, difficultés qui pourraient s’accroître d’après eux dans les prochaines semaines. 

« Trois comportements s’observent sur le terrain : certains vendeurs souhaitent reporter leur projet de vente, car ils ne veulent eux-mêmes plus acheter ou préfèrent attendre pour le faire, quand, à l’inverse, certains sont pressés de vendre et acceptent ainsi actuellement des offres à des prix plus bas, au vu de l’incertitude des mois qui arrivent. Enfin, il reste des particuliers qui ont un projet depuis plusieurs mois sur lequel le contexte n’a pas d’impact, qu’il s’agisse d’un changement de région, d’un divorce ou d’un autre motif classique de vente », analyse Brice Cardi.

Un impact plus limité pour les courtiers

L’impact sur l’activité des courtiers en prêts semble plus limité, les dossiers en cours de financement correspondant à des projets immobiliers d’ores et déjà initiés pour la plupart.

Mais 38 % des agences Vousfinancer constatent à ce jour une incidence de la dissolution sur l’attitude des emprunteurs.

L’un des effets est, pour les emprunteurs dont le projet est en cours, un empressement pour obtenir leur offre de prêt.

La crainte d’une remontée des taux endigue les projets

« Pour l’instant, sur les 15 jours post-annonce de la dissolution, l’activité se maintient, car les projets en cours d’obtention de crédit, souvent à des taux avantageux, ne sont pas annulés… », constate Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer.  « Nos clients en cours de financement sont plus pressés que jamais, avec la volonté de boucler leur projet et signer leur offre de prêt avant les élections, notamment par crainte d’une remontée des taux de crédit à court terme. En revanche, pour des projets moins pressés, comme des investissements locatifs, il pourrait y avoir un certain attentisme. »

L’annonce récente, par les différents partis politiques en campagne, de mesures en faveur de l’achat immobilier, génère en effet de l’attentisme.

Certains futurs investisseurs qui ont un projet à court ou moyen terme attendent les évolutions sur la future fiscalité immobilière et l’éventuelle mise en place de dispositif incitatif, tandis que des primo-accédants s’interrogent déjà sur l’opportunité de pouvoir bénéficier d’une exonération des frais de notaire ou d’un PTZ plus avantageux.

Peu d’impact du côté des banques pour l’instant

Dans les agences Vousfinancer, seuls un tiers des courtiers (33 %) constatent pour l’instant un impact de la dissolution sur l’attitude de leurs partenaires bancaires.

« Pour l’instant, seule une banque nationale nous a informés d’une remontée de ses taux de crédit de 0,10 point, quand d’autres établissements, notamment des banques régionales, continuent au contraire à proposer des taux attractifs, voire en baisse, pour capter les emprunteurs qui ont un projet immobilier à court terme » expose Julie Bachet.

Une hausse des taux circonstancielle ?

Et à ce jour, les banques n’ont pas modifié leur politique d’octroi des crédits. « Il faudra attendre début juillet et la réception des nouveaux barèmes mensuels de taux pour voir s’ils se stabilisent ou augmentent légèrement », indique-t-elle. « Mais il faut rappeler que des hausses de taux ne sont pas inhabituelles avant la période des congés estivaux, durant lesquels les banques, en raison de l’absence d’une partie de leur personnel et de leur capacité de traitement limitée, remontent parfois leurs taux pour limiter l’afflux de dossiers. »

En outre, la hausse des taux d’emprunt d’État a finalement été limitée : après être monté à 3,30 %, le taux de l’OAT 10 ans est redescendu à 3,15 %, soit + 0,15 point par rapport à début juin, avant l’annonce de la dissolution, ce qui, pour l’instant, limite les perspectives de remontées des taux de crédit à très court terme.

Quelles perspectives après le 7 juillet et pour le second semestre 2024 ?

Les professionnels s’accordent pour dire que la période post-électorale pourrait donner lieu à de l’attentisme dans les prochains mois, aussi bien côté acheteurs que vendeurs, et au moins jusqu’à la fin de l’année.

« Même si l’achat d’un bien immobilier reste un projet de vie qui est un choix individuel ou de couple, le contexte économique et politique, tout comme la météo d’ailleurs, a forcément un impact, soit réel, soit davantage psychologique, sur la réalisation de ce projet, explique Brice Cardi du réseau l’Adresse. « Quoiqu’il arrive, il faudra que des mesures de soutien au secteur du logement soient rapidement prises afin de dégripper le marché, en souffrance depuis désormais près de deux ans. Nous aurons toutefois plus de visibilité après le 7 juillet sur le marché du second semestre, à condition que la feuille de route des mesures concernant le logement soit rapidement exposée… »

Du côté des conditions de financement, en fonction de l’issue de l’élection et de la réaction des marchés, « la dynamique de baisse des taux de crédit enclenchée depuis le début de l’année pourrait être freinée, avec peut-être même l’apparition de quelques hausses. Mais cela dépendra également de l’évolution de la politique de la Banque centrale européenne (BCE) », remarque Julie Bachet de Vousfinancer. « De nouvelles baisses de taux pourraient permettre aux banques de continuer à prêter tout en gardant des marges convenables et ainsi d’atteindre leurs objectifs pour l’année 2024 ! »

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