Le marché de l’immobilier est entre deux eaux depuis la dissolution de l’Assemblée. Certains acquéreurs préfèrent patienter, de peur que les règles du jeu n’évoluent en fonction du résultat des élections législatives. Le tout alors que le secteur reprenait timidement des couleurs.
Il s’est un peu tourné les pouces samedi matin. Damien Oswald n’a reçu que cinq coups de fil à l’agence, contre une vingtaine habituellement. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale il y a 15 jours, « les acheteurs sont en stand-by, on est dans une espèce de période de glaciation », regrette-t-il.
D’autant que d’habitude, les mois de mai, juin et juillet sont plutôt fastes pour le secteur. « C’est assez terrible, parce que ça commençait à aller mieux », soupire le directeur de l’agence immobilière Era à Schiltigheim près de Strasbourg.
Depuis la baisse des taux, le marché immobilier commençait en effet à reprendre des couleurs. Ces deux dernières semaines, il a failli vendre plusieurs biens: « Les gens ont les financements, mais à la fin, le dernier coup de stylo est compliqué. »
« Il y a un fort facteur psychologique, ils attendent le résultat des élections, sauf quand ils sont contraints par un déménagement ou un divorce par exemple », explique le professionnel auprès de BFM Immo.
« On a senti le ralentissement le jour même », abonde Manon Bouillard, directrice d’une agence Laforêt à Saint-Etienne. D’une cinquantaine d’appels et de mails par semaine, elle est passée à dix.
« De l’attentisme »
Ils ne sont pas les seuls à observer ce coup de frein. Moins d’appels, de visites et de demandes de contacts… Selon un sondage interne au réseau, près de la moitié des agences du réseau L’Adresse constatent une baisse d’activité depuis la dissolution de l’Assemblée.
« Comme dans toute période électorale, l’annonce récente, par les différents partis en campagne, de mesures en faveur de l’achat immobilier, génère de l’attentisme », écrivent les auteurs de l’étude.
Mais qu’attendent les acheteurs au juste? En cas de basculement politique, de nouvelles mesures seraient mises en place. Certains particuliers espèrent par exemple pouvoir profiter d’un élargissement du prêt à taux zéro (comme le propose le Nouveau Front populaire), qui pourrait même se transformer en subvention après le 3ème enfant (une promesse du Rassemblement national). D’autres attendent une exonération sur les frais de notaires (mise sur la table par le camp présidentiel).
Selon Damien Oswald, les bailleurs s’inquiètent également de l’augmentation des taxes si l’alliance de gauche remportait les élections. Cette crainte se retrouve aussi du côté des investisseurs étrangers « qui ont peur du climat politique global en France et des violences » en cas de victoire du RN.
Certains vont même jusqu’à annuler leur projet. Une entreprise voulait acheter une grande maison près de Lille pour la transformer en bureaux. Juste après les élections, elle est revenue sur son choix.
« C’est une société de recrutement donc très dépendante de l’activité économique du pays, elle n’a pas voulu prendre le risque », raconte Célestin Ecrepont, chasseur de biens dans la métropole lilloise, qui évoque aussi une autre raison. « Le client m’a dit: ‘Peut-être que les gens qui possèdent ce genre de maisons vont vendre et partir s’exiler fiscalement en Belgique, donc le prix va baisser' », rapporte le chasseur immobilier.
Des clients plus intéressés par les taux que par la politique
Fort heureusement, tous les acheteurs n’ont pas déserté. Un peu plus au sud, à Saint-Quentin, Bertrand Vignon, directeur d’agence, n’a pas observé de baisse d’activité depuis la dissolution de l’Assemblée. « C’était une inquiétude de notre part mais ça n’a pas été le cas », confie-t-il à BFM Immo.
Peut-être parce qu’une partie des électeurs ne redoute pas l’arrivée au pouvoir du RN. Aux européennes, dans la sous-préfecture de l’Aisne, ils étaient 43% à choisir la liste menée par Jordan Bardella.
« Il y a un peu un raz-le-bol des gens par rapport à la politique. Ils se disent que l’un ou l’autre ça ne changera pas grand-chose », diagnostique le professionnel. « Ce qui influence vraiment leur comportement, ce sont les taux. »
Du côté des bailleurs, il ne note pas de ralentissement non plus « car Saint-Quentin est une des villes les plus rentables pour l’investissement locatif ». À Paris, où les prix à l’achat ne cessent de baisser, et les loyers d’augmenter, le marché est « dynamique » en ce moment, selon Frédéric Fleury. « Les gens se disent peut-être que les taux pourraient remonter, et en profitent pour acheter maintenant », devine le directeur d’une agence Laforêt dans la capitale.
Pour sa collègue de Marseille aussi, la pente est ascendante. Après des mois compliqués, Marie-Ange Hoarau retrouve quelques signes de reprise. Même si l’offre reste mince, les primo-accédants, qui avaient complètement disparu, sont de retour. « Je n’ai pas observé de ralentissement depuis la dissolution, les clients n’abordent pas le sujet », rapporte la professionnelle.
Si les acheteurs ne lui parlent pas de politique, elle, de son côté, y prête attention. Elle espère des mesures plus volontaristes en direction du logement, afin de relancer le marché.
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